- Je vous présente notre cuisinier frances, Monsieur Henri.
Nous ne l’avions pas entendu venir, de sa démarche silencieuse et feutrée. En forêt, nous n’avions pas eu la chance de croiser El Tigre, le jaguar. Devais-je d’ailleurs le regretter, moi qui ne faisais déjà pas le poids devant un coati, un pissote!
Cet homme n’était pas sans évoquer El Tigre, comme disaient les arpenteurs de brousse. Comment expliquer ce sentiment insolite qui paraissait faire partie de son être intime ? Certes, il n’était plus très jeune mais était grand, sec, plutôt maigre pour un cuisinier, avec un regard d’oiseau de proie, véritable regard de feu, qui accentuait encore le malaise. Même son patron, Folco Lulli, accusait le coup.
Monsieur Henri s’attarda un peu auprès de nous, donna quelques explications sur la cuisine locale, refusa avec courtoisie le verre de cabernet sauvignon qu’on lui proposait et prit congé en inclinant légèrement le buste et en claquant presque des talons.
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