Pierre, dois-je te rappeler que nous sommes le 6 juillet ? Que c’est aujourd’hui que le Tribunal, qui en a fini avec le chef du Gang des Barbares, Youssouf Fofana, va se pencher sur le cas du docteur NO.
Yes, man, le docteur NO, alias Papounet, le père NO, chef de la Horde d’Or des Grands Anisés, grand protecteur de la couche d’Eau Jaune. Je te remets les faits en mémoire dans toute leur sécheresse :
Le 20 septembre (vendémiaire) 2008, notre cher Alfredo Pastis de la Escuela Mecanica de la Marine (pas l’autre, celui qui avait fait un coup fumant aux religieuses françaises au-dessus du Rio de la Plata, d’où son sobriquet : El Capitan Astis Spumante), Daniel Pastis, donc, s’apprête à rentrer paisiblement chez lui. Vers 23h35. il sort du Grand Large où il a longuement testé pour la Chaîne thermale du Soleil force eaux minérales et autres vedettes de notre crénothérapie nationale.
Nous le retrouvons maintenant, frénétique et enthousiaste, au volant de sa Papounette à bascule, évoquant les meilleurs moments de la soirée entre potes : Zizi-belles-fesses, Toto-le-super-pensionneur et deux Anglais au teint enflammé de baronnets tout juste descendus de cheval après une chasse au renard. Ou de retraités du régiment des Guides du Pendjab, rescapés d’embuscades dans la Khyber-Pass.
Il y avait donc Toto. Pauvre cher Toto. Toujours psalmodiant en néo-grégorien, ponctué d’insolites gloussements gutturaux d’autosatisfaction de dindon en rut, ses vieilles gloires passées et ses Verdun galants, débitant interminablement des sottises au fur et à mesure que la soirée s’avance, rythmée par de solides lampées de Furieux.
Cher vieux Toto. Quelle tristesse. Il me fait de plus en plus penser au révérend Henry d’Ascoyne si admirablement campé dans « Noblesse oblige » par Alec Guinness, sénile, bafouillant en chaire d’une bouche en totale débandade, l’œil chaviré et marécageux, et aussi au prédicateur Essénien Gêteux, issu du chef d’œuvre des Monty-Python, « La vie de Bryan ».
 l’époque du Christ, pardon, de Bryan à Jérusalem, face à une foule bigarrée de bédouins, sabéens, nabatéens et autres gerrhéens venus de l’Hadramaou, palabrent et gesticulent force prophètes crasseux, illuminés de tout poil, Fols en Christ hirsutes et forcenés, barbes en bataille écoutant pousser leurs ongles. Pâturages et Paradis colorés. Certains somnolent interminablement au pied de la Tour Antonia.
Il en est d’autres, de doux dingues, qui vous promettent des verts mais aussi des fous furieux écumants aux yeux démoniaques chargés de meurtre et zébrés d’éclairs, qui éructent l’Horreur de la Géhenne, la fin du Monde, I’Apocalypse et le Déluge à une cohue affolée, déjà quasiment noyée sous les postillons.
Ce sont les plus courus bien sûr. Et puis, et puis, il y a ce vieux rabbin, tout seul dans son coin, que personne n’écoute. Il bafouille, l’index ramolli en l’air, totalement égaré, le sourire innocent, radotant imperturbable un galimatias de messages christiques, de techniques de cuisson des œufs mollets ou de compositions improbables de pommades contre les puces, les morpions, l’érythème fessier et les rougeurs des plis, qu’il ânonne hagard et minutieux, avec des précautions de pansements. Mon Dieu c’est Lui, ça ne peut être que Lui. Pauvre Toto.
Eclusait aussi de conserve, vent arrière, tribord amures, Zizi belles-fesses, la fée Beaujolais-Villages, le visage buriné par toutes ces années mortes et leurs pesantes charges de spiritueux et de nicotine, coassant la goualante d’une voix devenue rauque par l’affligeante gymnastique de cordes vocales épaissies et grimaçantes, façon plaquettes de frein de moissonneuse-batteuse d’un kolkhoze de Nijni-Novgorod sous Youri Andropov. Ne se souvenant même plus du temps si lointain, si ensorcelé, où sa troublante beauté abandonnait dans son sillage comme un brouillard de rêve.
Il y avait enfin deux gentilshommes de Vérone. Mais non, pardon, nos deux Anglais de Penryn (foutu jumelage), toujours traumatisés par la prohibition. Oui, bien sûr, c’était en Amérique mais quand même, ça dessèche la gorge. On a, en-deçà du Grand Océan, senti le vent du boulet.
Donc, à bord de sa voiturette sans permis, Daniel regagne ses pénates. Il darde approximativement son œil de cabillaud avancé sur un étal de Nogent-sur-Marne tenu par des gens du voyage. Noyé de béatitude. Décontracté du gland. Graillonnant quelques borborygmes laryngés qui viendraient crever au niveau des choanes comme des grosses bulles d’hydrogène sulfuré la surface des solfatares de Whakarewarewa : Vittel. La Bourboule. Moligt-les-Bains. La Roche-Posay. Barbotan-les-Thermes. Uriage. La Léchère. Salies de Béarn. Toutes ces eaux qui pour lui ont la même divine couleur opalescente .
Catastrophe ! Au rond-point de la Croix-Rouge, voilà les flics, nom de dieu.
Vite. On serre vachement les fesses, on rétrograde à un petit 30 à l’heure et on marque le stop. Bien. Maintenant, on regarde lentement à gauche, la main droite en visière et le buste négligemment déjeté vers l’avant, dans l’attitude du Guetteur d’Océans peint au musée de Quimper par Evariste Luminai .
Voilà, voilà, même chose également à droite. Bon, surtout, surtout, pas de manifestations intempestives d’énervement, d’anxiété, de malaise. Et maintenant on met un point d’accélération. Et on s’engage.
Oui, c’est ça, on bombe un peu le torse, on roule discrètement des épaules, on pense fortement au général Maximus passant sur le front de bataille de la Légion Félix, la valeureuse XVè Légion de Germanie, dans la forêt de Teutobourg, face aux bandes rebelles d’Arminius-le-Chérusque. Avec Ridley Scott, qui a retrouvé le souffle et I’inspiration des « Duellistes ».
La garde prétorienne comme on ne l’a jamais vue. Ils sont 3500, des hommes géants sur des chevaux colosses. Leurs jambes : de vrais troncs d’arbres cerclés de cnémides d’acier. Par Jupiter, ils sont bouleversants, pathétiques, impressionnants et combien formidables.
Ce n’est plus la Couleur tombée du Ciel. Non. Ce sont des guerriers surgis d’un passé très lointain, d’un monde fabuleux qui n’est plus le nôtre. Caparaçonnés de fer comme de gigantesques et invincibles machines à tuer et à conquérir, ils saluent, le poing droit fermé, frappant la cuirasse au niveau du cœur : « Honneur et fidélité ». Toute l’antique noblesse perdue de Rome
« Jamais garde de roi, d’empereur, d’autocrate, de pape ou de sultan, jamais nul régiment chamarré d’or, drapé d’azur ou d’écarlate, n’alla d’un air plus mâle et plus superbement. Vous aviez des bras forts et des tailles bien prises, que faisaient mieux valoir vos hardes en lambeaux et je rajeunissais à voir vos barbes grises, et je tressaillais d’aise à vous trouver si beaux ».
Eh bien, vas-y, Daniel, c’est le moment. Vive l’arène, mon petit Latin. Tu vas répéter avec moi : Mon nom est Maximus Decimus Meredius, commandant en chef des armées du Nord, général de la Légion Felix, fidèle serviteur du véritable empereur Marc Aurèle, père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée. Mais j’aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l’autre.
Et puis non. Vraiment, ça ne va pas, alors mais pas du tout, tu es aussi crédible en légionnaire romain que le général de Gaulle en transsexuel danseur de flamenco.
Tant pis. C’est comme ça, que veux-tu ? Non. Ne pleure pas. Tu sais, il faut de tout pour faire un monde. Il y a toujours eu des Maximus, des Corbulon, des Pappenheim, des Bartolomeo Colleoni. Et aussi, sans doute, des Daniel Le Cras, bien qu’ils n’aient pas laissé de traces.
C’est là le mystère insondable. Comme tout cela est étrange quand même. Je n’y comprends plus rien.
Vas-y maintenant, tu ne vas pas faire dix fois le tour du rond-point. Ouais. Ils ont l’air un peu éberlués, les cognes, mais tant pis. On s’engage, les mâchoires bloquées en trismus et l’œil fixé sur la ligne bleue des Vosges, on passe. Mon Dieu que c’est long.
On passe. On passe devant les flics, figés en statues énigmatiques.
Yes we can, comme dirait l’autre Irlandais de Belfast ou de Londonderry, Barrack O’ Barna.
Vittel. La Bourboule. La Roche-Posay, Barbotan-les-Thermes, bredouille Daniel. Comment voulez-vous qu’il ne pisse pas dans son froc, le Daniel ?
Ça y est. Ça y est. Banzaï. On est passé. Un bon coup d’accélérateur et vite à la maison.
S’écoule maintenant une bonne minute de sérénité et de bonheur. C’est toujours bon à prendre, hein ? Une minute et même un peu plus peut-être. C’est le premier mouvement de la deuxième symphonie de Johannes Brahms, appel idyllique du cor et réplique des bois, andante sostenuto con molto pizzicati, parmesan e lasagnes. Une chorégraphie courte et espiègle aux violons et hautbois, suivie d’une berceuse aux violons-altos et aux violoncelles, qui maintiennent l’atmosphère pastorale.
Soudain, la joie est bizarrement interrompue par le tremolo menaçant des violoncelles et des basses qui introduit l’orage, celui-ci éclate à présent, et la description en est soulignée par le piccolo strident et les trompettes menaçantes.
Daniel : Hé là, mais ce n’est plus la deuxième symphonie de Brahms ?
Raoul : Mais, non mon pauvre vieux, c’est la cinquième de Ludwig Van. Le thème martial molto vivace traduit l’arrivée des argousins qui te filent le train en multipliant les appels de phare.
Effondré qu’il est, le Daniel. Accablé, terrassé, prostré. Bref, anéanti.
Le voici soudain qui nous joue la grande reprise d’« Un Pigeon mort Beethoven Strasse » de Samuel Fuller et même: « Les Larmes amères de Petra von Kant », de Rainer Werner Fassbinder.
La portière s’entrebâille dans la lueur clignotante du gyrophare sur le pandore caparaçonné de cuir noir qui, lui, jouerait plutôt : « Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia» de Sam Peckinpah, et qui laisse négligemment tomber:
Vincere scis, Quintus Tullius, sed victoria uti nescis.
Eh bien. C’est monsieur Le Cras. Daniel Le Cras, vous me reconnaissez. Je vous ai contrôlé déjà trois fois. Voyons, je suis l’adjudant Dardenboeuf, Marcel Dardenboeuf, commandant en chef de la Garde Prétorienne et des Armées du Nord, général de la XVème Légion Félix. Fidèle serviteur de l’Empereur Marc-Aurèle.
Un grand cirrostratus de rêve lui trouble la vue. Il porte le poing droit fermé sur la poitrine, regarde le ciel, l’air d’une infinie tristesse car, là-haut, marchent les légions, un grondement sourd et continu de marée montante rythmé par le roulement de tonnerre des tambours de guerre .
La portière de l’estafette claque, il sursaute et se reprend soudain :
- Hé, chef, ça n’va pas, chef ?
- Mais si, mais si, Létambot, mais il peut parfois être permis de rêver, même quand on est adjudant de gendarmerie.
Mélancoliquement affligé de Dieu, il se reprend :
- Marcel Dardenboeuf, commandant la brigade d’Esquibien, et voici les gendarmes, Noël Bélouga et Jules Létambot qui vient de nous arriver. Les gars, je vous présente le président Le Craz, du jumelage Audierne-Penryn.
Les pandores affichent le regard vif des supporters du Paris-Saint-Germain regardant passer le Tour de France et Daniel reste figé, l’air douloureux qu’on lui connaît bien quand l’ineffable Jacky paraît au bras de Dominique, son ancien amour.
Au volant de sa voiturette de marque « Gâteau », il évoque une musaraigne desséchée oubliée au fond d’une cave, dans un vieux piège à rats. Ou un hareng-saur fatigué, acheté en discount chez Leader-Price pour les réfugiés du Darfour.
Les matous Dardenboeuf, Bélouga et Létambot tournent et retournent, l’air gourmand, claquant des mâchoires, façon « Guerre du Feu », de Jean-Jacques Annaud, autour de la boite de miettes de thon à l’huile d’arachide qui s’essaie à être un véhicule.
- Et il a ses papiers le président ?
Soudain bon enfant :
- C’est pas grave si vous les avez pas, vous passerez à la brigade, ça nous fera plaisir, c’est pas tous les jours qu’on reçoit des gens de responsabilité.
Mais il les a, ses papiers, le président. Il les a et, dégoulinant de veulerie – les Français sont comme ça devant les flics – il les tend à l’adjudant, la carte de membre du parti socialste bien en évidence sur le permis de conduire, on ne sait jamais . « La France va enfin parler le langage que vous avez appris à aimer d’Elle », disait au Panthéon, rose au poing, François-le-Rusé à Raymond-la-Science.
Et splatch ! C’est vraiment pas son jour de chance.
- Ouaouhh. Tu as vu, Bélouga, il est militant socialiste notre président. Nous, on serait plutôt pour Sarko à la brigade. Sauf les Corses de l’équipe, le maréchal des logis chef Ange Rossignoli et ses adjoints, Orso Antonio Della Rebbia de Cristinacce et Brandolaccio Barricini de Pietranera. Depuis leur stage à Montfermeil, à Chanteloup Les-Vignes et aux Tarterets, ils ont carrément viré Front National. Comme vous voyez, on n’est pas de la même mouvance.
- Donc, je vous vois arriver au rond-point de la Croix-Rouge, Létambot porte le sifflet à ses lèvres. Non, que je lui dis. Je le connais, celui-là, c’est le président Le Craz. Depuis son retrait de permis, il y va modeste, il cause Saint-Yorre, Plancoët, Isabelle, Volvic. Faut surtout plus lui parler gnôle.
Voilà Létambot qui me rétorque comme ça :
- Chef, c’est pas que ça soye pour vous contrarier mais je vous parie une place pour le prochain concert de l’ensemble Matthéus à la collégiale de Pont-Croix, avec le stabat mater, et le Psaume 111 Béatus Vir d’Antonio Vivaldi, que l’individu dégage des effluves alcoolisés. Alors, sans que ça soye pour vous fâcher, mon président, nous voilà lancés à vos trousses. Et maintenant, qui c’est qui va souffler fort dans la petite turlute, hein ? En route pour le Quattro Stagioni, monsieur le président.
Daniel souffle à toutes petites bouffées saccadées. Sobrement mais dramatiquement quand même, il nous campe le tableau de la grande détresse respiratoire de l’asthmatique de stade Ill, au point zéro de l’usine AZF, dix secondes après l’explosion, ou dans le nuage de poussière, au pied des Twin Towers, le 11 septembre. Il en est presque cyanosé, devant le staff gendarmesque, ahuri à s’en décrocher la mâchoire.
- Chef, chef, j’avais pas vu ça depuis 1954, une grosse négresse qui étouffait dans un sanatorium de Palavas-Les-Flots. Pour sûr, il va crever.
Gendarme Létambot :
- Asseyez vous, mon président.
Gendarme Bélouga, sentencieux:
- On est mieux assis que debout ».
Gendarme Létambot, également sentencieux :
- Et Vermouth-cassis ».
Adjudant Dardenboeuf: «
- Stoppez, président Le Cras, on en est déjà à 1,84 g/l. J’ ai perdu mon pari. Je n’aurai pas mon Stabat Mater ni mon quatuor Galitzin opus 127 en mi bémol majeur, par la faute de ce sac à vin Pipissic.
- Bélouga, appelez Ghilfuccio Barricini et Ors’Anton Della Rebbia, qu’ils me foutent ce grand essoufflé en cellule de dégrisement. Je tiens ce monde pour ce qu’il est, Gratiane : Un théâtre d’ombres où chacun doit jouer son rôle et où le mien est d’être triste. Au gnouff. Et que ça saute.
L’adjudant sort en fredonnant : « Viva Mussolini. C’est le plus grand homme qu’il y ait à Rome ».
Le maréchal des logis Ange Rossignoli, ancien transfuge de Corsa Corsica Nazione, canal imprevisible, Ors’Anton’ Della Rebbia de Cristinacce et Ghilfuccio Barricini de Pietranera empoignent sans trop de ménagement le gars du jumelage.
Rossignoli lui murmure à l’oreille: « S’entrassi’ndru Paradisu Santu Santu. En un truvassi a tia, mi n’esciria », si j’entrais dans le Paradis saint, saint, et si je ne t’y trouvais pas, j’en sortirais.
Et puis soudain :
- Est-ce qu’il doit glisser dans les escaliers, chef ? Une petite luxation de hanche vite arrivée. On lui fait la « courtepointe de Mengistu », peut-être. Ou les charentaises d’Hannibal Lecter, vite fait. Peut-on aussi lui faire ausculter l’annuaire téléphonique ?
Dardenboeuf :
- Non. Extinction des feux à la brigade.
Un temps puis, bizarrement :
- Que sont les pieds ?
Tous les gendarmes en chœur hurlent:
- L’objet de soins très attentifs.
Dardenboeuf:
- Dans quoi creuse-t-on les feuillées ?
Les pandores hilares :
- Dans le quart d’heure qui suit l’arrivée au cantonnement.
Dardenboeuf :
- Rompez les rangs.
Epilogue : Trois mois de prison et trois cents zeuros d’amende, assortis de sursis.
Un petit souvenir en guise de conclusion : Les deux novices-gendarmes, Lambourde et Gérin, viennent d’être mutés à la brigade d’Audierne.
Adjudant Dardenboeuf Marcel :
- Gendarme Lambourde. Nous allons devoir estimer votre quotient intellectuel. Je vais vous poser une question : Savez-vous ce que nous autres gendarmes possédons et que tout le monde a ?
Lambourde reste silencieux et très vite apoplectique.
L’adjudant :
- Eh bien, c’est la première paire de godillots réglementaires que nous trouvons dans notre paquetage. Tout le monde a une paire de chaussures. Deuxième question maintenant, pour voir si vous êtes vraiment intelligent, comme tout bon gendarme doit le devenir : Qu’avons-nous, nous autres gendarmes, que tout le monde n’a pas?
Lambourde, toujours silencieux et rubicond, menace d’exploser.
- Mais enfin, sergent, c’est si simple. C’est la deuxième paire de godillots réglementaires que nous trouvons dans notre paquetage, tout le monde n’a pas deux paires de chaussures.
L‘adjudant, perplexe, tourne autour de la Tomate au garde-à-vous (vous imaginez-vous au garde-à-vous ?) et lui dit soudain d’une voix douce :
- Gendarme Lambourde, écoutez-moi bien : C’est rouge quand c’ est mûr, c‘est sucré, ça possède un noyau dur, on peut les préparer à l’eau de vie et, au printemps, les jeunes filles espiègles se les mettent par paires sur les oreilles. Qu’est-ce que c’est, nom de dieu ?
Lambourde épanoui et hilare :
- Alors là, vous ne m’aurez plus, chef. C’est la troisième paire de godillots règlementaires que nous avons dans notre paquetage, chef.
Audierne, 6 juillet 2009