Quand ai-je commencé à me battre contre la censure? Je crois que c’est en terminale, au lycée « La Tour d’Auvergne » de Quimper, où un événement historique m’opposait au prof d’histoire-géo, Max Thomas.
Nous avions en ce temps-là trois profs d’histoire-géo au lycée, trois communistes bon teint.
Evidemment l' »histoire officielle » enseignait à l’époque (1956) que c’était la Wehrmacht qui avait assassiné les 15.000 officiers Polonais, en particulier dans la forêt de Katyn. Il fallait d’ailleurs l’apprendre par coeur.
Mes potes Raffray et Garraud – et moi même – n’étions pas d’accord, nous refusions d’apprendre par coeur ces mensonges éhontés : « Objection , votre honneur , ce ne sont pas les Allemands , mais les Soviétiques » , et d’apporter des preuves qui ne lui paraissaient pas convaincantes. Bref, la bagarre, qui avait duré un bon mois, suscita l’animosité de toute la classe contre nous et la haine froide du professeur qui, chaque fois que ma règle de fer tombait, m’apostrophait : « Lélias , vous laissez tomber votre casque ! » Je dois dire que la suite de son enseignement fut plus neutre car, l’air courroucé, il nous voyait arriver à ses cours bardés de journaux, documents et livres destinés à étoffer nos arguments contradictoires.
C’est ainsi que mes andouilles de condisciples n’apprirent la vérité sur Katyn que des dizaines d’années plus tard, de la bouche de Michaïl Gorbatchev. Et qu’ils ignorent encore la complicité de Churchill dans l’assassinat du général Sikorsky à Gibraltar pour ne citer que cet exemple !
Mais n’oublions jamais la phrase de Pierre Teilhard de Chardin : « Tous ceux qui veulent faire triompher une vérité avant son heure risquent de finir en hérétiques ».
Raoul Lélias