Je serai Pêcheur d’hommes

« Je serai Pêcheur d’hommes », le livre de François Mic dans lequel figurent plusieurs de mes aventures.

Au sein d’un océan d’artichauts, d’oignons et de choux variés, j’achevais là-bas mon dernier remplacement avant de troquer mes belles cnémides pour chausser, résolu et farouche, mes ultimes semelles de poussière et de vent.

  • Vous avez une urgence à la ferme de Louis Le Chevanton. C’est sur la route de Kéremma, à Kerjean-Vian an Arvor, vous devriez prendre la trousse d’urgence, car il y aura sans doute des points de suture à mettre.

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Mururoa 1966

Aldebaran, première expérience nucléaire dans le Pacifique.

A Mururoa, la première expérience nucléaire française a eu lieu le 2 juillet 1966. Médecin militaire, je suis arrivé à Tahiti quelques semaines plus tard avec, pour mission, l’étude de la radioactivité sur la faune et la flore. Avec mon équipe de plongeurs, je me suis sur la plupart des îles (Marquises, Sous-le-Vent, Touamotous, etc.). Ils m’ont accompagné partout pour prélever des échantillons de la faune (poissons, mollusques, crabes) et de la flore (algues, roseaux, fougères, cocotiers, fruits…). Il m’est même arrivé de grimper dans un solide oranger pour en faire tomber les fruits à analyser.

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Tahiti 1966: la fête

Le violet du soir sur la mer passe entre mes doigts comme la lourde chevelure mouillée des filles qui viennent de se baigner à la rivière. Et le bleu sombre de la nuit m’émeut comme la senteur capiteuse de ce gardénia de Tahiti qu’on appelle Tiaré parce qu’il est la fleur entre les fleurs.

Albert T’Serstevens / Tahiti et sa couronne

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Tahiti 1966: L’émerveillement

La lente approche de l’émerveillement (galerie photos)
« Mais que donc hantiez-vous si loin, qu’il faille encore qu’on en rêve à en perdre le vivre?» (Saint-John Perse)   Reçu à mon examen d’officier avec le rang très honorable de 229e sur 229, j’étais donc le seul à n’avoir guère le choix de mon affectation. Pour les vingt derniers infortunés, il ne restait guère que Reggane ou In-Ecker au Sahara… et la Polynésie. C’est donc dans ces affligeantes circonstances que l’infortunée lanterne rouge de la promotion 1966 de l’école d’officiers-médecins de Libourne se vit offrir par la République une année de séjour émerveillé, aux frais du contribuable, au pays des beaux Maoris et des vahinés harmonieuses.   Lisez la suite et découvrez toutes les photos…

Dans les rues de Sanaa

Au commencement la terre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme… Mais l’Esprit de Dieu planait sur les eaux.

Il avait plu, il avait plu, mais plu comme jamais, du Bab-El-Mandeb, la grande porte des pleurs, jusqu’à l’Hadramaout, et le Rub-Al-Khali, ce farouche désert de pierres et de sable, où l’implacable soleil brisait les rochers les plus durs. Toute la terre avait sombré au sein d’un océan sans limites.

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Mon amie la momie

Tout le monde ne communique pas avec les anciennes divinités. Il faut connaître le code et savourer ces moments comme une fabuleuse ivresse échappant à tout contrôle. C’est ainsi que, dans le reflux d’un infini ressac d’éternité, une momie de trois-mille ans viendra vers nous, à notre rencontre, du fond du désert libyque, émergeant des sables d’un ancien mastaba ruiné.

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Monsieur Henri, cuisinier français

  • Je vous présente notre cuisinier frances, Monsieur Henri.

Nous ne l’avions pas entendu venir, de sa démarche silencieuse et feutrée. En forêt, nous n’avions pas eu la chance de croiser El Tigre, le jaguar. Devais-je d’ailleurs le regretter, moi qui ne faisais déjà pas le poids devant un coati, un pissote!

Cet homme n’était pas sans évoquer El Tigre, comme disaient les arpenteurs de brousse. Comment expliquer ce sentiment insolite qui paraissait faire partie de son être intime ? Certes, il n’était plus très jeune mais était grand, sec, plutôt maigre pour un cuisinier, avec un regard d’oiseau de proie, véritable regard de feu, qui accentuait encore le malaise. Même son patron, Folco Lulli, accusait le coup.

Monsieur Henri s’attarda un peu auprès de nous, donna quelques explications sur la cuisine locale, refusa avec courtoisie le verre de cabernet sauvignon qu’on lui proposait et prit congé en inclinant légèrement le buste et en claquant presque des talons.

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Dieu est un grand jaguar

Tezcatlipoca

Oui, Dieu est un grand jaguar qui, le soir venu, hante les rives du fleuve Usumacinta. Le panthéon aztèque célèbre quatre dieux principaux, dont Tezcatlipoca, omnipotent et omniprésent. Associé au ciel nocturne, à l’endroit où sa jambe droite avait été sectionnée par les dents du Monstre de la Terre, il portait un miroir fumant d’obsidienne. Ennemi d’Huitzilopochtli, c’était un grand jaguar dont la peau tachetée ressemblait au ciel étoilé et lui couvrait en permanence les épaules.

Dieu de la Nuit, patron des brigands de grands chemins, des sorciers et des choses mystérieuses, il apparaissait au sein de l’ombre, sous la forme d’un jeune homme décapité avec dans la poitrine, deux portes de bronze qui s’ouvraient et se fermaient en émettant un bruit semblable à celui de la hache qui abat un arbre.

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Le vagabond perdu de Faré-Uté

(Saynète en quatre actes)

Acte 1, Pont-Croix, avril 1973

Au volant de ma robuste Volvo rouge, framboise écrasée, magnifiquement détendu et impavide selon ma bonne vieille habitude, Je fonce vers Plogoff à la suite d’un appel de routine.

Soudain, au niveau de Lannéon, voici un auto-stoppeur d’aspect fort civil et sympathique, que j’embarque dans la foulée.

  • Alors, comme ça, Vous venez de loin ?
  • Non, non, j’habite Pont-Croix.
  • Ah bah, moi aussi !

C’était un grand bonhomme barbu, plutôt bien alluré, infiniment courtois et avenant, bientôt chaleureux dans le feu d’échanges improvisés à bâtons rompus.

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Mystérieux touriste allemand à Ceylan

C’est vrai qu’on ne peut pas comparer Bali à Ceylan mais je dois dire que, personnellement j’ai de beaucoup préféré Ceylan. Bali est une petite île, certes, un petit paradis, hormis les discothèques de Denpasar, quand elles sautent ! Ceylan est un univers d’une prodigieuse richesse. Je ne vais pas m’attarder, une anecdote seulement que j’ai gardée en mémoire…

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Polynésie, le goût du malheur

Mon grand-père, Joseph Jacq, et deux autres officiers étaient assis au bout de la plage, sur un petit appontement qui affrontait le grand cercle luisant de la mer dormante. Jamais la béatitude n’avait exulté davantage qu’à cet instant mais le sentiment de leur solitude infinie, de leur insularité était sur eux. Mon grand-père parlait à phrases rompues de cette douceur de l’île, si envoûtante, si lourde à porter cependant, où l’on sentait toujours, malgré tout, comme un vide, une absence, un trou dans le bonheur, que rien ne parvenait à combler. Les Maoris aussi sentaient cela.

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Un parachutage sportif aux îles Marquises

  • Alors Lélias, encore retour de mission ?
  • Eh oui, commandant j’arrive de Nuku-Hiva. 
  • Encore ! Mais il n’y a pas de contamination là-bas, vous passez votre temps aux Marquises et je suis sûr que vous n’avez jamais mis les pieds à Mururoa ?
  • Non, je n’y tiens pas, je suis allergique à la radioactivité et puis, pour les prélèvements, nous avons là-bas nos gars sur place, les vétérinaires capitaines Desvalls et Boutet.
  • Si nous avions là l’homme de la situation ? Il connaît l’archipel, il y a fait la connaissance d’un autre furieux impossible, l’administrateur Marc Perret, et les voilà bien évidemment copains comme cochons. Même dangereux, comme il dit, il est médecin, qu’en pensez-vous ?

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