Allongé à plat ventre sur le château arrière de notre boutre, me voici bien occupé à régler mon vaillant téléobjectif Leica de 180 mm braqué sur le port d’Assah qui se profile sur l’horizon, sur la côte éthiopienne déclarée « zone de guerre ».
Ce matin, et ce non sans un incontrôlable serrement de cœur, nous avons quitté les eaux territoriales françaises à Raz-Doumeira et salué le bouquet de palmiers-doum, plantés jadis sur le Cap-Raheita par ce grand seigneur local de la flibuste: Henry de Monfreid.
Ça y est, j’ai la grande mosquée d’Assab dans le viseur, je vais appuyer sur le déclencheur mais voici qu’un main vigoureuse m’empoigne l’épaule gauche et me secoue frénétiquement. Je me retourne furieux. C’est le septième membre de notre groupe, le visage décomposé, qui me lance affolé : « Regarde ce qui nous arrive dessus ! »
Je me redresse et aperçois sur tribord un garde-côtes à la mine patibulaire…