

Sur la route, à Al-Zebid, un homme hors du commun nous aura offert l’hospitalité, un ancien officier royaliste de l’Imam El-Badr, maîtrisant le français du haut de sa fabuleuse bibliothèque, comme plus personne n’en possède le contrôle.
Sur la route, à Al-Zebid, un homme hors du commun nous aura offert l’hospitalité, un ancien officier royaliste de l’Imam El-Badr, maîtrisant le français du haut de sa fabuleuse bibliothèque, comme plus personne n’en possède le contrôle.
Au Yémen, Waadi-Dhar est un lieu si célèbre que son château figure sur un des billets de banque. Mais Waadi-Dhar est aussi connu pour une plante très particulière, le khât, une drogue populaire qui y pousse à foison.
Au commencement la terre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme… Mais l’Esprit de Dieu planait sur les eaux.
Il avait plu, il avait plu, mais plu comme jamais, du Bab-El-Mandeb, la grande porte des pleurs, jusqu’à l’Hadramaout, et le Rub-Al-Khali, ce farouche désert de pierres et de sable, où l’implacable soleil brisait les rochers les plus durs. Toute la terre avait sombré au sein d’un océan sans limites.
Tout le monde ne communique pas avec les anciennes divinités. Il faut connaître le code et savourer ces moments comme une fabuleuse ivresse échappant à tout contrôle. C’est ainsi que, dans le reflux d’un infini ressac d’éternité, une momie de trois-mille ans viendra vers nous, à notre rencontre, du fond du désert libyque, émergeant des sables d’un ancien mastaba ruiné.
Nous ne l’avions pas entendu venir, de sa démarche silencieuse et feutrée. En forêt, nous n’avions pas eu la chance de croiser El Tigre, le jaguar. Devais-je d’ailleurs le regretter, moi qui ne faisais déjà pas le poids devant un coati, un pissote!
Cet homme n’était pas sans évoquer El Tigre, comme disaient les arpenteurs de brousse. Comment expliquer ce sentiment insolite qui paraissait faire partie de son être intime ? Certes, il n’était plus très jeune mais était grand, sec, plutôt maigre pour un cuisinier, avec un regard d’oiseau de proie, véritable regard de feu, qui accentuait encore le malaise. Même son patron, Folco Lulli, accusait le coup.
Monsieur Henri s’attarda un peu auprès de nous, donna quelques explications sur la cuisine locale, refusa avec courtoisie le verre de cabernet sauvignon qu’on lui proposait et prit congé en inclinant légèrement le buste et en claquant presque des talons.
Lire la suite (deuxième partie de « Dieu est un grand jaguar »)…
Oui, Dieu est un grand jaguar qui, le soir venu, hante les rives du fleuve Usumacinta. Le panthéon aztèque célèbre quatre dieux principaux, dont Tezcatlipoca, omnipotent et omniprésent. Associé au ciel nocturne, à l’endroit où sa jambe droite avait été sectionnée par les dents du Monstre de la Terre, il portait un miroir fumant d’obsidienne. Ennemi d’Huitzilopochtli, c’était un grand jaguar dont la peau tachetée ressemblait au ciel étoilé et lui couvrait en permanence les épaules.
Dieu de la Nuit, patron des brigands de grands chemins, des sorciers et des choses mystérieuses, il apparaissait au sein de l’ombre, sous la forme d’un jeune homme décapité avec dans la poitrine, deux portes de bronze qui s’ouvraient et se fermaient en émettant un bruit semblable à celui de la hache qui abat un arbre.
(Saynète en quatre actes)
Acte 1, Pont-Croix, avril 1973
Au volant de ma robuste Volvo rouge, framboise écrasée, magnifiquement détendu et impavide selon ma bonne vieille habitude, Je fonce vers Plogoff à la suite d’un appel de routine.
Soudain, au niveau de Lannéon, voici un auto-stoppeur d’aspect fort civil et sympathique, que j’embarque dans la foulée.
C’était un grand bonhomme barbu, plutôt bien alluré, infiniment courtois et avenant, bientôt chaleureux dans le feu d’échanges improvisés à bâtons rompus.
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée
Et les bois étaient noirs, jusqu’à l’horizon
Non , je n’irai pas à Pont-Prenn, ma mère
Non , Mamm, à Pont-Prenn sûr, je n’irai pas
C’est vrai qu’on ne peut pas comparer Bali à Ceylan mais je dois dire que, personnellement j’ai de beaucoup préféré Ceylan. Bali est une petite île, certes, un petit paradis, hormis les discothèques de Denpasar, quand elles sautent ! Ceylan est un univers d’une prodigieuse richesse. Je ne vais pas m’attarder, une anecdote seulement que j’ai gardée en mémoire…
Mon grand-père, Joseph Jacq, et deux autres officiers étaient assis au bout de la plage, sur un petit appontement qui affrontait le grand cercle luisant de la mer dormante. Jamais la béatitude n’avait exulté davantage qu’à cet instant mais le sentiment de leur solitude infinie, de leur insularité était sur eux. Mon grand-père parlait à phrases rompues de cette douceur de l’île, si envoûtante, si lourde à porter cependant, où l’on sentait toujours, malgré tout, comme un vide, une absence, un trou dans le bonheur, que rien ne parvenait à combler. Les Maoris aussi sentaient cela.