Pavane pour un Paradis perdu

C’est une histoire curieuse, et un peu particulière que je vais vous raconter ce soir ! Je vais d’ailleurs commencer par vous poser une question. Pourquoi éprouve-t-on inexplicablement un sentiment d’amitié pour quelqu’un ? Un sentiment aussi spontané que soudain ?

Loin de moi l’idée de ramener le vieux poncif de Montaigne à La Boétie : « Parce que c’était LUI, parce que c’était MOI ! » Et pourtant, cette absence de définition n’est-elle finalement pas la meilleure ?

Je ne sais même plus comment je l’ai rencontré. C’était il y a si longtemps. Mais, d’emblée, un sentiment immédiat et profond de connivence s’est installé entre nous. Je l’appelais « Mon Garraud du Pacifique ! » par allusion à un vieil ami de métropole, lui aussi perdu de vue depuis bien des années.

Nous allions souvent chez nos merveilleux amis du kilomètre 14, à Punauia, passer le week-end munis de grands paniers d’incomparables et géantes framboises sauvages. J’étais allé les cueillir la veille dans d’odorants et sombres buissons des montagnes, sur les flancs de l’Aoraï et de l’Orohéna, et nous les savourions recouvertes de la fameuse chantilly des laiteries « Sachet » d’Arué. On en profitait, bien entendu, pour faire danser Catherine et Patricia, leurs filles, la blonde et la brune !

Quand il était libre, il m’accompagnait dans mes expéditions sous-marines autour de l’île et nous campions sur des motous du récif, surgis au hasard de la barrière de corail. Parfois, il nous arrivait d’y dormir éventés par la brise du soir, d’une fraîcheur de source, le «houpé», qui descendait des montagnes silencieux et sournois. Nous nous perdions alors dans la contemplation du ciel nocturne, cet incomparable ciel austral qui révélait son incroyable joaillerie où la Croix du Sud n’apparaissait que comme un bijou modeste.

Quelquefois, un fin croissant de lune se posait sur la mer, les deux pointes en haut, comme une pirogue. On n’entendait plus que le grondement lointain du récif. Un sourd orage continu, sans un éclair.

Ô Mer du Sud, phosphorescente et limoneuse … Ma religion avec la Nuit ! Voluptueuse et Adorable Polynésie, terre des paresses et des caresses, terre bénie, que j’appelle encore parfois de son nom au prestige perdu !

Quelques mois plus tard, il recevait sa mutation pour l’atoll de Hao et nos relations s’espacèrent quelque peu.  Et puis, un jour, il frappa à la porte de mon faré de la pointe Vénus. C’était pour m’annoncer qu’il rentrait en métropole : « Veux-tu que nous passions mon dernier week-end à Mooréa, nous pourrions plonger et revisiter le vieux maraé d’Opunohu ? » J’acceptai d’enthousiasme et, dès le vendredi soir, nous prenions le bateau munis d’un scooter Vespa de location.

A Mooréa, chaque crépuscule prenait des allures d’apothéose. Sur d’étroits chemins de pieds nus, certains soir, dans l’ombre épaisse des arbres à pain sacrés, régnait un demi-jour de cathédrale, nous y croisions des vahinés, le blanc de leurs grands yeux teinté de bleuâtre, parfois l’air sauvage, mais belles, belles de l’incomparable beauté maorie.

Elles vous jetaient des regards intemporels qui arrêtaient toute envie de sourire et que l’on cueillait au passage comme de mystérieuses fleurs de ténèbres. Oui ! Nous étions bien alors les « Seigneurs des Archipels », persuadés que l’océan Pacifique nous appartenait. Pour nous, chaque aube était ivresse et chaque crépuscule enchantement et méditation.

Nous étions alors si jeunes, pleins de violence et d’allégresse. Oui ! Nous étions des chiens fous qui portaient en eux comme une odeur d’orage. Et cependant nous vivions au Paradis !

Ce dimanche midi, alors que je sortais de l’eau, une brochette de iihi (myripristis murdjan) à la ceinture, je vis arriver Bruno dans notre faré d’Afaréiatu. Il m’annonça qu’il venait d’apprendre que son avion partait dès le lendemain, plus tôt qu’il ne l’avait envisagé. Nous avions juste le temps de préparer nos poissons avant que le Maïéré, qui faisait la navette entre Papeete et Mooréa, n’appareille pour sa dernière rotation.

« Tu n’oublieras pas de rendre mon scooter demain chez Avis rue du Prince Hinoï. Je te laisse mon Miki-Miki. Si ! Si ! Je sais qu’il te plaît, tu le trouveras dans mon faré avant de remettre la clef au capitaine Guillaumet. Cher Vieux Raoul ! Dieu sait quand nous nous reverrons ! Et surtout, tu n’oublieras pas de me prévenir quand tu rentreras en métropole ! »

Un dernier « abrazo » à la mexicaine sur la jetée d’Afareiatu ! J’entends encore le ronflement du moteur. Un vent si tiède, si humide, comme une caresse mouillée, souffle de l’ouest. Et je vois son bras qui s’agite pour un ultime adieu, très loin, à peine visible. Seul, perdu tout au bout de cette agitation bleue ! Et c’est tout !

C’était ? C’était ? Mon Dieu c’était il y a… 46 ans !  Comme le temps passe !  Et puis, un jour, un jour que je sais, ce fut mon tour ! Quelques mois plus tard, l’heure du retour venait aussi de sonner pour moi. Les autorités avaient rejeté ma demande de grâce.

Je me souviens de cette ultime journée, de ce dernier bain dans la passe de Ta-Unoa, devant le mess des officiers du Taaoné, des cantines et des paquets qui encombraient mon faré, de ce lit où je n’allais plus dormir, de cette ultime journée d’activité fébrile et désordonnée, où les heures passaient de plus en plus vite et où toute chose prenait déjà la couleur éteinte du souvenir.

On frappait. C’étaient mes amis Gilles Bouton et Olivier de Rohan-Chabot. « L’avion décolle ce soir vers 23H30 et tu dois être à l’aéroport vers 22 heures Tout le service sera là pour te passer les colliers mais, si tu veux, nous allons tout de suite faire enregistrer tes bagages car, ce soir au Quinn’s, il y a un festival de tamouré donné par la troupe de Makatéa. Les demoiselles Robinson y danseront. Avec ton amie Jeanne Schmidt. Ainsi, nous pourrons tous y participer en attendant ton départ de Fâââ. »

C’est ainsi que je passai ma dernière soirée dans une ambiance de liesse indescriptible, dans ce vieux Quinn’s qui devait flamber deux ans plus tard, sur un boulevard du front de mer déchaîné ! Entre deux danses frénétiques où je baignais dans le nirvana et dans l’oubli, une main se posa sur mon épaule. Je me retournai sur le visage moitié grave, moitié rieur d’Olivier de Rohan. « Raoul ! C’est l’heure ! » dit-il simplement. Je m’attendais presque à : « Mon ami, ayez du courage ! »

Et nous avons plongé dans la nuit tiède, phosphorescente de lucioles en folie. Ce trajet en voiture prenait une densité oppressante dans un silence que personne ne savait comment rompre avec douceur. A un moment, Olivier de Rohan dit simplement : «Allons, Raoul ! Mais ne fais donc pas cette tête, tu vas passer ta thèse et dans moins de trois mois, tu seras de retour ! Tu sais bien maintenant que ton avenir est ici ! »

L’aéroport tout neuf, réalisé par Jean Madon, brillait de tous ses feux dans la longue nuit des Tropiques et dans le grand hall s’agitait une foule odorante et sucrée.  Avec émotion, je vis que tous mes amis étaient venus honorer cet ultime rendez- vous.

La cérémonie des colliers de coquillages commençait. Quand, à force d’entassement, ils arrivaient au niveau des yeux, il fallait se pencher en avant et déverser le tout dans un sac de plastique prévu à cet effet. Il y avait le colonel André Nabholtz, chef de l’échelon polynésien du SMCB, l’énigmatique docteur Millon à la pâleur de vieux colonial, le commandant de « La Charente », Bernard de Lamberteri,e qui me demandait de remettre à son épouse demeurée à Brest, en métropole, un paquet-cadeau.

Je croulais sous l’abondance de bagages à main mais comment refuser ? D’autant que « Je savais bien que je pouvais compter sur vous ! » Et de voir à son signal quatre robustes marins me confier un énorme coffre de la taille d’un cercueil, dans un grand éclat de rire !

Je revois aussi Patrice de Carfort, impénétrable et mystérieux, qui arborait pour la circonstance un de ses rares sourires. Christian Rehm et ses deux vahinés roucoulantes, couronnées d’ylang-ylang,

André Génefort du GAM 82, Jean Hogard, du 5éme régiment de la Légion, Jean Aubert, pacha de la « Galissonnière », mes compagnons de randonnées montagnardes. Le commissaire Georges Cottu, le commandant Jean Gorce, Jean et Dilou Madon, qui arrivaient de Punauia en compagnie du capitaine Gérardin, du SMSR.

Comment oublier notre cher Tryphon Tournesol, le professeur François Doumenge, toujours en effervescence, qui m’offrait son énorme livre : « L’Homme dans le Pacifique Sud » … « Pour lire dans l’avion ! ». Et Philippe Devaulx de Chambord, Olivier de la Périère, les docteurs Martin-Sibille et Wenceslas Lonievsky, au teint fleuri de major de l’armée des Indes, et que tout un chacun connaissait sous le sobriquet de « Polonius ». Polonius , qui n’avait pas oublié une vénérable bouteille de scotch et deux verres pour arroser l’adieu.

Mes plongeurs polynésiens étaient également venus, Tékurio Apollo Tavahikuré qui avait voulu, quelques semaines plus tôt, m’offrir son dernier né pour que je l’emmène en métropole et que j’en fasse un vrai Popaa, Tehina Punua et Poupouré, impressionnants hercules maoris, pas très à l’aise dans leurs tenues endimanchées, qui menaçaient d’éclater à chaque gonflement de biceps.

J’allais omettre, toujours coiffé de son impressionnant chapeau de pandanus tressé, le capitaine de « l’Oiseau des îles », Temarîî Téaï, qui m’avait guidé au cours de tant de missions et qu,i connaissant ma passion pour les coquillages, me glissait dans la poche une superbe cypréa aurantium, la si recherchée porcelaine aurore des îles Tuamotous.

Tout ce monde débarquait du Quinn’s, du Manava et même du « Lafayette », sur les quais de Faré-Uté où, ce soir, la fête battait son plein. Dans le hall de l’aéroport, le niveau sonore était indescriptible. On chantait, on jouait de l’ukulélé dans la chaleur du crépuscule, on se gratifiait de grandes tapes dans le dos, on ponctuait chaque rasade d’Hinano, la célèbre bière locale, de sonores « Manuia ! »

On riait beaucoup bien sûr, peut-être trop, et de plus en plus mal. Mais on pleurait aussi.

D’ailleurs, au fur et à mesure que le temps passait, l’atmosphère gagnait en nervosité, en une sorte d’inquiétude impalpable, qu’on masquait du mieux qu’on pouvait, mais toute cette joie paraissait soudain de plus en plus factice et contrainte, une sorte d’angoisse étrange et sourde gagnait progressivement les cœurs.

C’était un peu comme si la Mort venait soudain de s’inviter au bal.

Quand l’ordre d’embarquement fut donné, un grand silence s’abattit soudain sur l’assemblée. Les vahinés aux parfums sucrés laissaient couler les grosses larmes faciles de leur race, larmes qu’on n’essuie jamais parce qu’elles sont les marques visibles de la douleur. Mais ce chagrin n’était pas sans les rendre encore plus tragiquement belles.

Tous mes amis s’étaient groupés devant une haie d’hibiscus et de filaos échevelés avec une certaine connivence, la gorge déjà serrée. Je m’avançai vers eux pour un dernier adieu.

Et c’est alors qu’ils se mirent tous à chanter : « Faut-il nous quitter sans espoir, sans espoir de retour ? Faut-il nous quitter sans espoir de nous revoir un jour ? Car Dieu qui nous voit tous ensemble et qui va nous bénir, car Dieu qui nous voit tous ensemble saura nous réunir. Ce n’est qu’un au revoir, mon frère. »

Fauché par l’émotion, je me vois encore lâcher mes lourds tikis marquisiens pour me cacher le visage dans les mains.

Après ? Après … j’ai oublié !  J’ai dû laisser là tous ceux qui m’avaient accompagné à la sortie du Jardin d’Eden. Je crois que je me suis retourné une dernière fois à la dernière marche de l’échelle de coupée. Et plus jamais je ne les ai revus.

On m’a rapporté bien des mois plus tard qu’un soir, sur le quai de l’Uranie, André Génefort se souvenant de moi avait dit simplement à Philippe de Chambord : « Parce qu’il est parti, quelque chose manquera aux Mers du Sud. Là-bas, en scrutant les soirs, on devinera une absence. Un vide. Ou un passage. Et s’il existe une autre vie de châtiments et de félicités, il lui sera beaucoup pardonné parce qu’il a tellement aimé la Mer. »

J’arrivai au Bourget par un petit matin brumeux d’extrême automne. Ce qui me surprit, c’est que trois mois, peut-être plus, ne furent pas de trop, avant que je puisse distinguer des couleurs. J’avais l’impression de voir se dérouler devant moi un film en noir et blanc.

A Paris, un jour, une voix tonitruante m’interpella du quai d’en face : « Raoul ! Nom de Dieu ! Vieux sagouin, mais qu’est-ce que tu fous là ? » C’était une heure d’affluence à la station Odéon, j’étais un peu gêné devant cet interlocuteur fort démonstratif et vociférant au sein de la foule d’en face qui, elle aussi amusée, se tournait vers moi.

Dans un premier temps, je restai impavide mais l’olibrius, devant mon indifférence affectée, se mit en devoir de traverser la voie et ce en dépit de l’intervention infructueuse de quelques usagers. C’était Philippe Béguet, un sous-lieutenant du bataillon d’infanterie de marine de Tahiti, qui m’avait précédé de trois mois en métropole.

Au cours du repas qui suivit, nous évoquâmes l’émotion du départ de cette patrie charnelle, que j’avais d’ailleurs jadis déjà éprouvée, mais quand même à un moindre degré, dix ans auparavant, quand le paquebot « Colombie » avait largué les amarres devant la savane à Fort-De-France, pendant que l’orchestre du bord entamait : « Adieu foulards, adieu madras ».

Je me suis mis en quête de Bruno Delpierre deux mois après. Bien sûr, de temps en temps, j’ai tenté des recherches mais il n’habitait plus Paris, rue de Suffren. Personne non plus à Saint Omer, au 80 rue Edouard Devaux. Où pouvait-il bien être ? Nous étions pris sans doute, chacun de notre côté, dans le tourbillon de l’existence !

« Cela suffit au fond, ces trois mots qu’on répète : Le temps passe. Cela suffit à tout.

Il n’échappe rien au temps. Que quelques petits échos de plus en plus sourds, de plus en plus rares. Quelle importance ? »

Soudain, il y a environ un mois, son image m’a une nouvelle fois traversé l’esprit. Bon sang, j’avais bien, depuis peu, un ordinateur ! Et j’avais reçu un message d’un camarade de faculté par le truchement de la rubrique : « Copains d’avant » ! Comment n’y avais-je point pensé ? Et pourquoi ne pas essayer ?

Alors je me suis mis en quête …

Des Bruno Delpierre, j’en ai trouvé dix-sept et, à l’instar de Fabrice Lucchini menant sa quête de Johnny Hallyday dans le film « Jean Philippe », j’ai commencé ma recherche.

« Allo ? Bonjour Madame, je suis bien chez Monsieur Bruno Delpierre ? »

« Oui monsieur ! Non, mon mari n’a jamais été en Polynésie, il est capitaine de gendarmerie à Versailles. Il a trente-cinq ans. Vous n’êtes pas au bout de vos peines, rien que dans la région de Boulogne, vous allez en trouver des dizaines, de Bruno Delpierre Enfin je vous souhaite bon courage ! »

Un peu déconfit, je décidai finalement d’en rester là. Et puis, une dernière tentative, au hasard, avant de tout arrêter. Mon choix s’arrêta sur le cinquième de ma liste, un certain Bruno Delpierre, né à Cauchy-La-Tour.

« Allo ? Je voudrais parler à Monsieur Bruno Delpierre ! »

« C’est moi, Monsieur, c’est à quel sujet ? »

« Eh bien voilà, je voudrais vous poser une question qui va peut-être vous paraître insolite, bizarre même : N’auriez-vous pas autrefois vécu en Polynésie ?

« En Polynésie ? Quelle étrange question.  Mais quand ? »

« Je vais vous le dire, c’était au cours des années 1966 ou 1967. La personne que je recherche habitait dans le district de Tautira, près du vieux temple de Faréroï « .

Là, un blanc, pas très long d’ailleurs, et puis…

« Raoul ! Ne me dis pas que tu n’as pas rendu mon scooter ? »

Je dois dire que l’émotion m’a coupé le souffle ! Je venais de mettre dans le mille. Quarante-six ans venaient de s’écouler ! Comme la vie est étrange ! On finit par se demander si tout cela a réellement un sens, si ce n’est pas le rêve d’un autre rêve ?

Mais non ! Ce n’est après tout qu’un réveil, qu’une reprise en charge de la vie, ce rêve qu’on ne choisit pas.

Les amis. La vie souvent nous en écarte, nous empêche d’y beaucoup penser mais ils sont là, quelque part, on ne sait trop où, silencieux et oubliés mais tellement fidèles ! Et si nous croisons leur chemin, ils nous secouent par les épaules avec de belles flambées de joie ! Bien sûr, nous avons l’habitude d’attendre, nous autres, patients comme des éternels !

Cher vieux Bruno ! Finalement combien de temps a duré notre navigation de conserve ? à peine un an ! Le temps d’une étoile filante qui zèbre la chaleur d’un ciel d’été :  L’une des scintillantes « Larmes de la Saint Laurent » …

Vois-tu !  Aujourd’hui, tout comme hier, tu as vingt-quatre ans. Depuis exactement quarante-six ans, tu as vingt-quatre ans, tu les auras toujours tant que mes yeux ne se fermeront pas ! Cher Bruno à l’éternelle jeunesse, montant la garde immuable et solide dans les brouillards de mon éternelle souvenance !

Tu vois, mon ami, je ne t’ai jamais oublié. Pourtant, certains soirs, à la brune, je ne peux m’empêcher de rester frappé de stupeur face à ces images éparses qui voguent dans notre subconscient et nous accompagnent tout au long d’une existence.

Pourquoi, mais pourquoi donc ?

Raoul Lélias, Punta-Arenas, janvier 1984

« Je m’adosse contre une fontaine. Un enfant, la nuque au mur, pleure en silence. Il ne subsistera de lui, dans mon souvenir, qu’un bel enfant à jamais inconsolable. »