Je venais d’entrer en Paradis

Chères Amies, chers Amis

Me voici en train de classer d’innombrables paperasses abandonnées depuis des dizaines d’années sur les étages peu accessibles de ma bibliothèque. Je tombe sur un numéro de l’ILLUSTRATION de 1845 représentant la baie d’Hakaui à Nuku-Hiva, des Îles Marquises.

C’est simple, nous voici devant l’une des dix plus belles baies du monde. Un beau jour d’été austral, de cet été si court, si chaud, si mélancolique mais si bienheureux, je m’y étais endormi sur la plage. Réveillé en sursaut par le saut d’une raie manta, j’ai bien pensé que je venais d’entrer en Paradis. 

Au fond de la vallée tombe une cascade de 350 mètres de hauteur, plus haute que les Sutherland Falls du Milford Sound en Nouvelle-Zélande, c’est vous dire.

Je repense à Henri, arrière-petit-fils de Stanislas Taupotini, l’ultime Tomana de la vallée depuis lors désertée, mais aussi au petit-fils d’un de mes vieux amis. Il me sculptait des tikis que je revendais à l’époque rue du Prince Hinoï, à Papeete. Soudain saisi d’un vertige typiquement marquisien, il a voulu y renouer avec de vieilles coutumes locales, dite du « cochon long », au détriment d’un touriste allemand, sa façon à lui de « bouffer du Boche ». Mal lui en a pris : il est en villégiature prolongée, loin de l’ensorcelante baie d’Hakaui, à Fleury-Mérogis, je crois.

Bonne et heureuse année à vous tous.

Raoul

Les Marquises cannibales: Illustration de « Taïpi », roman de Herman Melville.

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