

Sur la route, à Al-Zebid, un homme hors du commun nous aura offert l’hospitalité, un ancien officier royaliste de l’Imam El-Badr, maîtrisant le français du haut de sa fabuleuse bibliothèque, comme plus personne n’en possède le contrôle.
Sur la route, à Al-Zebid, un homme hors du commun nous aura offert l’hospitalité, un ancien officier royaliste de l’Imam El-Badr, maîtrisant le français du haut de sa fabuleuse bibliothèque, comme plus personne n’en possède le contrôle.
Au Yémen, Waadi-Dhar est un lieu si célèbre que son château figure sur un des billets de banque. Mais Waadi-Dhar est aussi connu pour une plante très particulière, le khât, une drogue populaire qui y pousse à foison.
Au commencement la terre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme… Mais l’Esprit de Dieu planait sur les eaux.
Il avait plu, il avait plu, mais plu comme jamais, du Bab-El-Mandeb, la grande porte des pleurs, jusqu’à l’Hadramaout, et le Rub-Al-Khali, ce farouche désert de pierres et de sable, où l’implacable soleil brisait les rochers les plus durs. Toute la terre avait sombré au sein d’un océan sans limites.
Parlons un peu de mon héros, Antigone, ce surhomme opposé aux autres Diadoques à la bataille d’Ipsos, Antigone à la tête de son infanterie opposée à une cavalerie extraordinaire qu’on ne verra jamais plus: 500 éléphants de guerre menés par le Séleucide en un tremblement de terre qui ne se produira qu’une seule fois dans toute l’histoire de l’humanité.
Tout le monde ne communique pas avec les anciennes divinités. Il faut connaître le code et savourer ces moments comme une fabuleuse ivresse échappant à tout contrôle. C’est ainsi que, dans le reflux d’un infini ressac d’éternité, une momie de trois-mille ans viendra vers nous, à notre rencontre, du fond du désert libyque, émergeant des sables d’un ancien mastaba ruiné.
Ces clichés 24×36 ont été pris avec un appareil Leicaflex SL sur de la pellicule argentique Kodachrome 25. La qualité exceptionnelle des détails et de la couleur tient en particulier au fait que je n’ai pas utilisé de flash grâce à deux de mes guides, qui avaient confectionné des panneaux réfléchissants permettant de relayer la lumière du jour jusque dans le coeur des tombeaux. De plus, nombre des sites photographiés ne sont désormais plus accessibles. Cette galerie constitue donc un véritable document.
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » (Charles Aznavour). Au début des années 70, accéder à la Vallée des Rois ne se faisait pas encore en pullman climatisé. Ce n’était déjà plus un exploit mais c’était encore une sacrée aventure…
Allongé à plat ventre sur le château arrière de notre boutre, me voici bien occupé à régler mon vaillant téléobjectif Leica de 180 mm braqué sur le port d’Assab qui se profile à l’horizon, ainsi que sur la côte éthiopienne déclarée zone de guerre et qui comme toute chose interdite, excite ma curiosité au plus haut point.
Ce matin, non sans un incontrôlable serrement de cœur, nous avons quitté les eaux territoriales françaises à Raz-Doumeira et salué le bouquet de palmiers-doum, plantés jadis sur le Cap-Raheita par ce grand seigneur local de la flibuste: Henry de Monfreid.
Ça y est, au poil, j’ai la grande mosquée d’Assab dans le viseur, je vais appuyer sur le déclencheur de prise de vues, mais voici qu’une main vigoureuse m’empoigne l’épaule gauche et me secoue frénétiquement. Je me retourne, furieux. C’est Guy de La Venne, le septième membre de notre groupe de douze, le visage décomposé, qui me lance affolé:
Le vent du Horn ravageait la nuit. Il reprenait de la vitesse, brisée par la Cordillère Darwin sur ces terres de l’île Grande à peine ondulées. Il allait aborder la Patagonie australe où s’épanouirait enfin toute sa puissance. Et il irait mourir aux portes de Buenos-Ayres dans un dernier hoquet de pampero.
On entendait venant des profondeurs australes, le Vent du Horn qui poussait sa vague ravageuse, toute pareille à ces lames qui viennent dominer le château arrière des grands voiliers aventurés sous ces latitudes grondantes, soulèvent la coque, tiennent pendant quelques secondes toutes choses en équilibre entre la vie et la mort, et puis s’en vont on ne sait où.
« La nuit commence au Cap Horn », Saint-Loup
Nous ne l’avions pas entendu venir, de sa démarche silencieuse et feutrée. En forêt, nous n’avions pas eu la chance de croiser El Tigre, le jaguar. Devais-je d’ailleurs le regretter, moi qui ne faisais déjà pas le poids devant un coati, un pissote!
Cet homme n’était pas sans évoquer El Tigre, comme disaient les arpenteurs de brousse. Comment expliquer ce sentiment insolite qui paraissait faire partie de son être intime ? Certes, il n’était plus très jeune mais était grand, sec, plutôt maigre pour un cuisinier, avec un regard d’oiseau de proie, véritable regard de feu, qui accentuait encore le malaise. Même son patron, Folco Lulli, accusait le coup.
Monsieur Henri s’attarda un peu auprès de nous, donna quelques explications sur la cuisine locale, refusa avec courtoisie le verre de cabernet sauvignon qu’on lui proposait et prit congé en inclinant légèrement le buste et en claquant presque des talons.
Lire la suite (deuxième partie de « Dieu est un grand jaguar »)…
Oui, Dieu est un grand jaguar qui, le soir venu, hante les rives du fleuve Usumacinta. Le panthéon aztèque célèbre quatre dieux principaux, dont Tezcatlipoca, omnipotent et omniprésent. Associé au ciel nocturne, à l’endroit où sa jambe droite avait été sectionnée par les dents du Monstre de la Terre, il portait un miroir fumant d’obsidienne. Ennemi d’Huitzilopochtli, c’était un grand jaguar dont la peau tachetée ressemblait au ciel étoilé et lui couvrait en permanence les épaules.
Dieu de la Nuit, patron des brigands de grands chemins, des sorciers et des choses mystérieuses, il apparaissait au sein de l’ombre, sous la forme d’un jeune homme décapité avec dans la poitrine, deux portes de bronze qui s’ouvraient et se fermaient en émettant un bruit semblable à celui de la hache qui abat un arbre.
C’est vrai qu’on ne peut pas comparer Bali à Ceylan mais je dois dire que, personnellement j’ai de beaucoup préféré Ceylan. Bali est une petite île, certes, un petit paradis, hormis les discothèques de Denpasar, quand elles sautent ! Ceylan est un univers d’une prodigieuse richesse. Je ne vais pas m’attarder, une anecdote seulement que j’ai gardée en mémoire…
Mon grand-père, Joseph Jacq, et deux autres officiers étaient assis au bout de la plage, sur un petit appontement qui affrontait le grand cercle luisant de la mer dormante. Jamais la béatitude n’avait exulté davantage qu’à cet instant mais le sentiment de leur solitude infinie, de leur insularité était sur eux. Mon grand-père parlait à phrases rompues de cette douceur de l’île, si envoûtante, si lourde à porter cependant, où l’on sentait toujours, malgré tout, comme un vide, une absence, un trou dans le bonheur, que rien ne parvenait à combler. Les Maoris aussi sentaient cela.
Mesdames et Messieurs,
Le commandant de bord Edmundo Ricardo Izurieta Caffarena et son copilote Jose Antonio Millan-Astray ont le plaisir de vous annoncer que le Boeing 797 Miguel de Unamuno, en provenance de l’aéroport Arturo Merino de Santiago du Chili, vient de se poser à Mataveri-Robert-Charroux, sur l’île de Pâques, avec ses 1750 passagers.
A ce cher vieux Bernard, mon fidèle compagnon de voyage
Gonfle-toi vers la nuit Ô Mer Les yeux des squales
Jusqu’à l’aube ont guetté de loin avidement
Des cadavres de jours rongés par les étoiles
Parmi le bruit des flots et les derniers serments
Guillaume Apollinaire
Oh joies ineffables et divines des grands départs que nous avons connues quand nous partions pour d’improbables horizons, avec l’allégresse coupable de fuyards, à cette époque lointaine où le voyage était encore une Grande Aventure !
D’un comportement ombrageux, dès que je tentais de caresser sa nuque, elle rentrait la tête dans les épaules, en émettant un soufflement furibard. Moins d’une demi-heure plus tard, rassasiée de concombres, de laitues, et même parfois d’une mangue découpée en quartiers, elle finissait enfin par tolérer sur son dos mes 80 kilos.
J’ai connu Marc Perret en 1967, au Marquises. En provenance de Mururoa, un bâtiment militaire m’avait déposé pour quelques jours sur l’île de Nuku-Hiva, où Marc Perret officiait comme administrateur territorial. Je devais repartir quelques jours plus tard pour Papeete, à bord d’un autre bateau militaire. Cette brève escale nous permit d’ébaucher une belle amitié, qui ne s’est terminée qu’avec sa disparition, bien des années plus tard.
Entre-temps, Marc Perret avait été nommé administrateur, à Port-Vila, d’un territoire appelé à quitter bientôt le giron de la France: les Nouvelles-Hébrides. Sachant que j’était rentré en France, Marc Perret m’adressa une très belle lettre, dans laquelle il me rappelait notre amitié et me suggérait de le rejoindre en tant que médecin militaire.
Passent les mois et passent les années. Il y a maintenant si longtemps que nous fréquentons cette ville ! Aussi, j’estime que nous pouvons légitimement prétendre aujourd’hui en être les citoyens. C’est vrai ! Au cours de ces quarante-cinq dernières années, nous avons là-bas acquis nos habitudes.
C’est une histoire curieuse, et un peu particulière que je vais vous raconter ce soir ! Je vais d’ailleurs commencer par vous poser une question. Pourquoi éprouve-t-on inexplicablement un sentiment d’amitié pour quelqu’un ? Un sentiment aussi spontané que soudain ?
Loin de moi l’idée de ramener le vieux poncif de Montaigne à La Boétie : « Parce que c’était LUI, parce que c’était MOI ! » Et pourtant, cette absence de définition n’est-elle finalement pas la meilleure ?
Mes parents étaient des voyageurs de naissance et d’instinct… Mais des voyageurs pressés qui confondaient la Terre et le Vent. Ils ont, l’un comme l’autre consacré leur existence au travail. Affligés, comme on pouvait l’être à l’époque, d’un train de maison aussi indispensable que fastidieux et pervers, leurs départs pour des contrées qui nous paraissaient lointaines s’avéraient héroïques, et leurs retours pénibles.
A Pierre-Louis et à ses sœurs Faustine et Charlotte
Mes chers enfants,
Vous allez devoir vous acquitter d’une nouvelle dette de reconnaissance envers vos parents. En effet, que viens-je d’apprendre ? Qu’ils vont vous offrir l’une des sept merveilles naturelles de la nature…
J’ai dit : « LE GRAND CANYON DU COLORADO »